Introduction
Avant la fin de ce paragraphe, sans que j’aie à la nommer, vous aurez probablement trouvé le nom de cette entreprise qui est l’exemple le plus puissant de la capacité d’une organisation privée à gérer un marché public de vente et d’achats de toutes sortes d’items. Avec un chiffre d’affaires de plus de 16 milliards US$ en 2013 et ayant plus de 33 500 employés dans le monde, cette entreprise règle quotidiennement et sans violence tous les conflits qui surviennent entre leurs millions d’usagers, lesquels se trouvent dans tous les pays de la planète, et ce, sans égards aux frontières. Vous achetez un item en ligne et vous ne le recevez pas? Ouvrez une dispute sur le site et boom, vous avez votre remboursement. C’est l’entreprise qui s’occupera de régler la situation avec celui qui n’a pas envoyé l’item. Cette entreprise fondée le 3 septembre 1995 espère avoir d’ici 2015 près de 200 millions d’usagers et entend être l’intermédiaire pour près de 300 milliards US$ en valeurs transactionnelles. Étant donné que la sécurité financière et la tranquillité d’esprit sont importantes pour la majorité des gens, si cette entreprise n’avait pas en place un système de résolution de conflit fiable et efficace, croyez-vous qu’elle serait rendu aussi énorme?
Pouvez-vous nommer cette organisation de résolution de conflit? (Cliquez ici pour savoir, si vous n’arrivez pas à deviner.)
Lien court: http://wp.me/p4MO4u-5b
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La nécessité
Vous avez déjà entendu l’expression “La nécessité est la mère de tous les inventions»? Quand un besoin n’est pas satisfait, nous avons tendance à agir afin de le satisfaire. Si tu as faim, tu manges. Si tu veux une stabilité et une sécurité d’esprit dans ta nourriture, tu te fais un jardin. Sinon, tu vas à l’épicerie. Bref, notre nécessité est relatives aux besoins et au risque entourant ce besoin. Certains iront jusqu’à créer leur propre solution s’ils n’ont pas accès à une solution déjà existante. Par exemple, dans le but de donner des exemples à suivre aux policiers partout aux États-Unis, trois adolescentes de 14, 15 & 16 ans ont créé Five-O, une application pour téléphones cellulaires qui permet de documenter l’abus policier et de donner un “rating» aux agents de police. Certains diront que l’État policier qui est fermement installé dans ce pays affecte le besoin de sécurité de la population et donc la nécessité de changer la situation amène cette invention, laquelle est disponible depuis le 18 août.
C’est mon opinion que durant le printemps érable 2012 au Québec, la répression policière (http://www.fss.ulaval.ca/cms/upload/soc/fichiers/rapport_final_harbour_et_tremblay.pdf) & l’incapacité des politiciens à gérer la crise ont fait en sorte qu’un très grand nombre de gens ont décidé de s’intéresser à la politique. L’adage “Occupes-toi à la politique si tu ne veux pas que la politique s’occupe de toi» a fortement résonné chez un grand nombre de gens, au point où nombreux sont ceux qui se sont radicalisés. Ce fût la même chose avec le G20 à Toronto en 2010, alors que la violence policière a atteint des niveaux inégalés dans l’histoire canadienne. Deux recours collectifs https://fr-ca.actualites.yahoo.com/g20-%C3%A0-toronto-deux-poursuites-en-recours-collectif-182328394.html viennent d’être autorisés d’ailleurs à ce sujet. Ces gens qui sont intéressés par la politique cherchent simplement à vivre dans une société où la violence est absente, où la liberté d’opinion et la liberté de choix sont respectées et où l’abus par l’autorité est systématiquement éliminé. Certains croient que ce changement passe par l’État, moi je dis qu’on ne peut demander au “bully de la cour d’école» de s’occuper d’établir les règles sur le “bullying dans la cour d’école.» C’est mon opinion qu’il n’existe aucun “bully» plus grand et plus puissant que l’État.
Si nous voulons éventuellement vivre dans une société sans violence, il suffit simplement de laisser l’État aller. C’est lui qui est le plus efficace à semer les graines de sa propre destruction. Chaque abus qu’il accomplit génère son lot de victimes et de gens dorénavant conscientisés. À un certain moment, la masse critique sera atteinte et l’État va connaître la fin de sa vie. Et la journée où ça va arriver, les organisations de résolution de conflits (ORC) vont prendre la relève et s’occuper du vide (la nécessité) laissé par le système qui se sera effondré sous le poids de son obésité morbide étant donné qu’une population nécessitant une satisfaction de ses besoins sera fortement motivée à trouver des solutions. Et nous y verrons la magie du libre marché en action. Comme par exemple, l’histoire du crayon.
Une petite note avant d’entreprendre ce gros morceau sur lequel reposera tous les prochains billets de ce blogue: pendant 194 jours en 2007 & 2008 et pendant 541 jours en 2010-2011, la Belgique fût sans gouvernement. Il y avait quand même une forme de gouvernance présente mais il n’y a pas eu d’état de panique de la population, de fin du monde à la Mad Max, d’apocalypse post-étatique, etc.
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Les organisations de résolution de conflit (ORC).
Un aspect essentiel de la vie économique est la capacité de faire respecter les contrats et résoudre les différends entre les parties impliquées. Comment une société peut-elle assurer ces fonctions en l’absence d’un gouvernement?
La première chose à comprendre au sujet de contrats, c’est qu’ils sont une forme d’assurance, dans la mesure où ils existent pour minimiser les risques de non-respect de l’entente. Si je veux entrer en contrat avec ma banque pour un prêt hypothécaire sur cinq ans, je vais tenter de minimiser mes risques en exigeant que la banque me donne un taux d’intérêt fixe pour la durée du contrat. Ma banque, de son côté, permettra de minimiser son risque en conservant le titre de propriété de ma maison en garantie, dans le cas où je ne paie pas l’hypothèque. C’est la gestion du risque. Dans un monde sans risque, les contrats ne seraient pas nécessaires et nous ferions tous nos affaires sur une poignée de main. Cependant, parce que nous préférons tous minimiser le risque, nous exigeons des contrats dans lesquels sont décrites toutes les conditions et les conséquences du non-respect de ces conditions.
Dans les sociétés étatiques modernes, la majorité des contrats sont généralement appliqués non pas par le système judiciaire, mais plutôt par la menace de l’appareil judiciaire. La distinction est importante. Par exemple, la menace n’est pas tant: “Je vais faire appel au tribunal pour l’exécution de ce contrat», mais plutôt: “Je vais utiliser la menace de vous traîner devant les tribunaux afin de faire respecter ce contrat.» La perspective d’une longue et coûteuse action en justice est généralement suffisante pour forcer une résolution du différend. Il est très facile de constater que quand une système supposé régler les conflits est plutôt utilisé comme une menace afin de forcer une médiation privée, c’est que ce système a clairement échoué dans son “intention». Les tribunaux de l’État sont devenus la même chose que les compagnies d’assurance automobile quasi-privées – les menaces et inconvénients de leur utilisation a causé la plupart des gens à régler leurs différends en privé, plutôt que s’impliquer dans quelque chose qu’ils sont obligés de payer pour, mais qu’ils ne peuvent presque jamais utiliser, entre autre parce que les coûts de la “justice» sont impossibles à payer pour la majorité des gens. La “justice» au Canada (laquelle n’est rien d’autre que la subjectivité d’un juge basée sur comment il se sent cette journée-là) est, la quasi-majorité du temps, disponible uniquement à celui qui a le plus de moyens financiers. Combien de causes se terminent parce qu’une partie n’a plus d’argent? “And justice for all…». Yeah, right.
Bref, ce genre de “justice» est très motivante pour la création de solutions anarchiques permettant de régler les différends contractuels.
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L’évaluation financière du risque
Dans une société sans État, bon nombre d’entrepreneurs seront prêts et intéressés à fournir des solutions créatives aux problèmes de non-respect des clauses contractuelles. En tant que solution non-violente, les bénéfices seront maximisés si la non-conformité au contrat peut être évitée, plutôt que d’être adressée après le fait (mieux vaut prévenir que guérir). Pour prendre un exemple simple, prétendons que vous êtes un agent de prêts dans une banque, et je viens vous demander 10 000$. Naturellement, vous serez très heureux de me prêter de l’argent si je vais rembourser à échéance à la fois le principal et les intérêts, car c’est de cette façon que vous faites votre profit. Cependant, une telle garantie est tout à fait impossible, car même si j’ai l’argent et j’ai l’intention de vous rembourser, je pourrais me faire frapper par un autobus et mourir, vous laissant avec un déficit de 10 000$. Afin de bien évaluer le risque, vous voudrez savoir deux choses en particulier:
1 – Est-ce que j’ai toujours remboursé mes prêts dans le passé?
2 – Est-ce que j’ai une garantie pour le prêt?
Ces deux informations sont quelque peu apparentées. Si j’ai toujours remboursé mes prêts dans le passé, alors votre besoin de garantie sera diminué. Le plus de garanties que je suis en mesure de fournir pour le prêt, moins il est nécessaire pour moi d’avoir un bon historique de crédit. La raison pour laquelle un bon historique de crédit est nécessaire n’est pas seulement afin d’établir ma solvabilité, mais aussi pour aider la banque à évaluer à quel point je suis actuellement investi dans ma bonne réputation. Si j’ai fait plusieurs prêts importants dans le passé et que je les ai toujours remboursés à temps, il semble surprenant que je passe vous voir juste pour voler 10 000$.
Si ma bonne cote de crédit me fait sauver deux points de pourcentage sur mes paiements d’intérêts, et que je vais avoir besoin d’un autre 500 000$ de prêts au cours de ma vie (pour une entreprise par exemple), à elle seule ma bonne cote de crédit me fera sauver au minimum une dizaine de milliers de dollars. Ainsi, je perdrais de l’argent si je prenais un prêt de 10 000$ et que je ne le rembourse pas puisque les avantages financiers de ce vol ne couvriraient pas les pertes que me je pourrais subir suite à la destruction de ma cote de crédit. C’est pourquoi une garantie physique (du collatéral) est moins nécessaire, puisque j’ai la très réelle “garantie» d’une bonne cote de crédit.
Ces types de calculs économiques se produisent régulièrement dans une société étatique et ne disparaîtront pas comme la brume du matin dans une société apatride. Cependant, il y a certains types de prêts que plusieurs institutions financières seraient prêtes à faire malgré le niveau élevé de risque. Par exemple, les jeunes adultes qui commencent dans la vie et qui n’ont pas de garanties ou de cosignataires seraient dans une catégorie de risque plus élevé, de même que ceux qui n’auraient pas réussi à rembourser leurs prêts dans le passé. Comme nous pouvons le voir dans certaines publicités télévisées de concessionnaires automobiles, ne pas avoir d’antécédents de crédit, ou même posséder un mauvais historique de crédit ne sont pas nécessairement des obstacles à l’obtention de prêts. Une troisième chance au crédit?
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La couverture et l’assurance
Il y a deux façons principales de gérer le risque dans une situation complexe: la couverture et l’assurance. La “couverture» consiste à parier à la fois pour et contre un résultat particulier. Dans le marché boursier des devises, cela signifie parier un montant X que (par exemple) le dollar va monter, et un autre montant que le même dollar va baisser. Dans le monde des courses de chevaux, cela signifie parier sur plus d’un cheval. C’est aussi pourquoi les gens ont tendance à diversifier leurs portefeuilles d’actions. L’approche “assurance» tend à être utilisée lorsque la couverture est impossible.
Pendant quelques années j’étais partenaire et co-fondateur d’une petite entreprise en informatique. Mes partenaires et moi avions une assurance collective au cas où un de nous tombait malade ou décédait. Il était relativement impossible de “couvrir» ce risque car former des dirigeants et les conserver attachés dans le sous-sol n’était pas particulièrement rentable, sans parler que c’est immoral. L’assurance-vie est donc un exemple de stratégies parmi tant d’autres qui sont déjà bien établies sur le marché libre.
Cependant, dans les contrats d’un-à-un, les tribunaux de l’État conservent leur monopole. Si je suis un employé, j’ai un contrat d’un-à-un avec mon employeur. Il m’est impossible de mitiger les risques impliqués dans ce contrat et actuellement, il n’est pas possible d’acheter une assurance pour atténuer le risque que mon employeur fasse faillite en se sauvant avec mon dû. En l’absence d’un gouvernement, la nécessité d’atténuer rationnellement les risques par les contrats serait toujours présente et les entrepreneurs fourniraient inévitablement des solutions créatives et intelligentes pour y remédier. Mais tant que le gouvernement est dans les jambes du progrès, le risque existe.
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Le bris de contrat
Prenons un petit exemple de la façon dont les différends contractuels peuvent être résolus dans une société apatride (sans État).
Disons que je vous paie 15 000$ pour faire le paysage de mon jardin, mais vous ne vous présentez jamais pour faire le travail (un First World Problem, j’avoue, mais c’est un exemple). Idéalement, je voudrais ravoir mon 15 000$, ainsi que 5 000$ en compensation pour les inconvénients (ou dommages punitifs). Dans une société apatride, lorsque nous établissons le contrat, nous pouvons choisir un tiers parti impartial pour la médiation des différends. Si un conflit qu’il nous est impossible de résoudre nous-mêmes survient, nous pouvons amener notre cause devant ce médiateur pour ensuite se conformer à sa décision. Le médiateur agit alors en tant qu’organisation de résolution de conflits. Des médiateurs de la sorte, il en existe pour plein de domaines, surtout pour les règlements hors-cour, et c’est très commun puis ça se fait sans la nécessité d’une intervention de l’État. Ça n’a rien de nouveau.
Puisque je ne suis pas un expert dans le domaine de courir après les gens pour leur argent, si j’ai des doutes sur vos motivations, capacités et sur votre honnêteté, je prendrais une assurance auprès d’une organisation de résolution de conflit pour me rembourser si le contrat n’était pas respecté. Si vous vous sauvez sans faire le travail, je soumets tout simplement ma demande à l’ORC qui me paie 20 000$ et ce sera celle-ci qui se chargera de vous réclamer 25 000$ pour couvrir les frais associés à votre manquement au contrat. Au même titre que sur eBay, si le vendeur ne vous envoie pas l’item, eBay vous remboursera et ils s’occuperont eux-mêmes du vendeur, me fournissant satisfaction et tranquillité d’esprit.
Lorsque je soumets une application pour obtenir cette assurance, l’ORC me facturera une certaine somme d’argent basée sur leur évaluation du risque que je prends en faisant affaires avec vous. Si vous avez fraudé vos dix derniers clients, l’ORC n’assurera tout simplement pas le contrat, m’informant implicitement du risque que je prends. Si vous avez un dossier inégal, l’ORC peut me facturer quelques milliers de dollars pour assurer votre travail – encore une fois, me donnant une excellente idée de votre fiabilité. D’autre part, si vous êtes en affaires depuis 30 ans, et que vous n’avez jamais fraudé une seule fois un client ou même n’avez jamais reçu de plainte, l’ORC chargera un frais minime juste en cas de retard causé par un accident ou un décès inattendu. Il peut me charger autour de 50$ par exemple pour cette éventualité.
Cette forme d’assurance contractuelle est une excellente indication de l’honnêteté en affaires. Le coût de l’assurance d’un contrat étant directement ajouté aux coûts de faire des affaires, s’ils peuvent être maintenus aussi bas que possible, les avantages financiers pour tous les partis sont évidents. De plus, le coût d’assurance d’un contrat peut être encore plus bas si vous êtes prêt à fournir des garanties en avance. Par exemple, dans l’entente il peut être demandé de fournir les informations de comptes bancaires des partis impliqués. Ainsi, si je vous paie le 15 000$ et que vous ne faites pas le travail, l’ORC me rembourse 20 000$ tel qu’entendu et prendra le 25 000$ directement de votre compte bancaire. De cette façon, les contrats peuvent être appliqués sans recourir à la violence et sans longues et incroyablement coûteuses batailles juridiques comme c’est actuellement le cas avec le “système de justice» de l’État. Imaginez ne pas avoir à payer de frais faramineux d’avocats, pas de paperasse inutile, pas de présence en cour. C’est à se demander qui profite le plus le système actuel…
Les risques associés à une entente contractuelle sont clairement communiqués à l’avance et donc les gens honnêtes sont directement récompensés par des coûts d’assurances plus faibles, tout comme les non-fumeurs sont directement récompensés en payant des primes inférieures d’assurance-vie. Dans une société sans État, l’honnêteté et le respect en affaires seraient la norme, et faire affaires coûterait moins cher, laissant plus d’argent à tous les partis pour l’investir ailleurs, comme par exemple dans l’économie locale, dans les dons aux œuvres de charité, pour aider son prochain, etc.
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Le non-paiement
Supposons que j’ai un contrat avec une organisation de résolution de conflit et que je doive verser un dédommagement de 25 000$ parce que je n’ai pas respecté mon obligation contractuelle mais que je ne peux pas ou ne veut pas payer cette somme, que ce passe-t-il?
Actuellement, l’État utilise la violence pour me forcer à payer. Bien que cela puisse être une forme de vengeance médiévale, ça ne m’aide pas du tout à rembourser les 25 000$. Dans une société sans État, quelles options sont disponibles pour l’ORC afin qu’elle réussisse à obtenir son argent?
Dans une économie complexe comme la nôtre, tout au long de leur vie les individus sont liés par des dizaines d’obligations et de contrats, par exemple un bail locatif, une adhésion à un centre sportif, un plan de paiements mensuels pour l’achat de meubles dans un grand magasin ou encore des conventions d’assurance-voyage avec les compagnies de cartes de crédit. Les coûts de faire affaires avec des gens reconnus pour honorer leurs contrats étant beaucoup plus faibles, une société sans État offrirait non seulement des services d’assurances de contrats (les organisations de règlements de conflits, ORC) mais aussi des agences de notation financière, aussi connu sous le nom d’agence de crédit.
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Les conséquences du non-respect des contrats
Les agences de notation financières seraient des entités indépendantes qui évalueraient objectivement la conformité d’une personne vis-à-vis ses contrats. Si j’acquiers une réputation d’homme qui rompt régulièrement ses contrats, il deviendra de plus en plus difficile pour moi de fonctionner efficacement dans une économie complexe car je serai refusé partout. Cette forme d’ostracisme économique est un très puissant – et surtout non violent – outil pour la promotion de la conformité aux normes sociétales et aux règles morales. Elle aide à garder les gens “droits» car, quand toute la société refuse de vous offrir des services, la vie peut commencer à être difficile. Dans mon billet sur la violence et l’État, je propose que l’humain est une créature qui répond (entre autre) aux incitatifs. Et l’incitatif de ne pas être ostracisé par toutes les sphères de la société peut être suffisant pour bon nombre de gens à rester droits et honnêtes.
Il est apparent que je décris d’un scénario hypothétique ici mais en réalité, ces agences existent déjà. Vous les connaissez sous les noms d’Équifax, de TransUnion ou Experian. Elles sont spécialisées dans les dossiers de crédits des entreprises et des particuliers. Quand la banque vérifie votre crédit pour un prêt, elle consulte ces agences en temps réel. Tout porte à croire que dans une société sans État, ces entreprises seraient encore plus utilisées.
Si une personne viole les normes sociales de façon flagrante (nous allons couvrir la question de la criminalité violente plus tard), une option incroyablement efficace que la société a est de simplement cesser de faire affaires avec un tel individu. Si je fraude ou ne respecte pas mon entente avec mon ORC, ou un autre individu, l’agence de notation de crédit pourrait tout simplement révoquer ma cote de contrat, me classant dans son système comme “à éviter» par exemple. Les ORC auraient probablement des clauses disant qu’elles ne sont pas intéressées à contracter avec toute personne dont la cote de contrat a été révoquée. Par exemple, si je dirige un hôtel et qu’un individu ayant eu sa cote de contrat révoquée voulait louer une chambre, je serai immédiatement au courant de sa situation après avoir fait les vérifications d’usages et je serai informé rapidement qu’aucun contrat ne peut être honoré avec cet individu. Autrement dit, s’il met le feu à mon hôtel, vole ou détruit des biens, ou s’il harcèle un autre invité, mon ORC ne m’aidera pas à régler la situation car je n’aurai moi-même pas respecté mon entente avec elle. Alors, vais-je être tenté de louer une chambre à cet homme, ou vais-je lui dire que, malheureusement, l’hôtel est complet?
Dans une société apatride fonctionnant sur le respect des contrats et où tenir parole sont des conditions essentielles pour l’acquisition de biens et de services, les épiceries, les taxis, les compagnies d’autobus, les fournisseurs d’électricité, les banques, les restaurants et autres organisations et commerces seront très peu susceptibles de vouloir faire affaires avec des individus ayant démontré qu’ils ne sont pas de confiance car ils n’auront aucune protection si ces individus se conduisent de façon irresponsable. Les interactions économiques sont bien sûr purement volontaires et aucun homme ne peut être moralement obligé de faire affaires avec un autre homme. Les gens qui fraudent, volent et mentent seront clairement identifiés dans une société apatride, et vont rapidement réaliser que les autres membres de la société vont leur tourner le dos assez souvent, à moins qu’ils ne changent leurs habitudes, comme dédommager les gens à qui ils ont causé des torts. Beaucoup de gens y penseront à deux fois avant de manquer à leurs contrats quand les propriétaires se fient à la cote de respect des contrats pour louer leurs appartements. Le prospect d’être forcé à vivre dans la rue sera un incitatif puissant à respecter sa parole.
Un tel “outcast», ou paria, pourrait voir sa cote de contrat restaurée s’il est prêt à rembourser ceux qu’il a lésé. S’il obtient un emploi et que son salaire peut être partiellement saisi jusqu’à ce que ses dettes soient payées, sa cote de contrat peut être restaurée, au moins au niveau minimum nécessaire pour qu’il puisse profiter d’autres services. Une organisation de règlement de conflits, laquelle est toujours financièrement plus intéressée par la prévention que par la récidive, peut également réduire le fardeau du paria si celui-ci est prêt à participer à des cours de psychologie en lien avec sa problématique (pour changer sa façon d’agir) et des conseils de crédit.
Ah, et si un “paria” est injustement traité et est soumis à du chantage par une ORC ou par l’agence de notation de crédit? Eh bien, rappelez-vous que l’anarchisme est toujours une négociation à deux côtés. Si vous êtes une organisation de règlement de conflits ou une agence de notation de crédit, afin d’amener les gens à s’inscrire à vos services, quelles protections mettrez-vous dans vos contrats pour satisfaire les craintes de vos clients potentiels? Ne vous en faites pas, le libre marché saura suffire à cette demande de sécurité.
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Conclusion
Bref, de cette façon, les contrats peuvent être respectés sans recourir à la violence, l’ostracisme social et économique étant franchement plus efficaces pour contrôler ceux qui violent de manière répétée les règles sociales et de moralité que l’emprisonnement. Nous n’avons pas besoin d’envoyer les gens dans des prisons économiquement improductives ou d’envoyer des hommes armés pour les kidnapper et les incarcérer. Tout ce que nous avons à faire est de publier leurs crimes aux yeux de tous et de laisser la justice naturelle de la société prendre soin du reste.
Alors, commencez-vous à voir comment on pourrait vivre dans une société sans État? Commencez-vous à réaliser que tout ce que nous avons besoin pour une société sans État est déjà en place? Commencez-vous à comprendre qu’au fond, en plus d’être inutile, l’État est dans le chemin du progrès? Dans les prochains billets, nous mettrons les organisations de résolution de conflits à l’épreuve en voyant comment gérer la santé, l’éducation, les prisons, etc.
- Pasdechatsicitte
P.S. : Ce billet est basé sur les ouvrages de Stefan Molyneux sur l’anarchie. J’ai choisi et traduit certains passages de son livre disponible gratuitement en PDF et en livre audio ici et sur Youtube ici. J’ai aussi modifié et ajouté des passages représentant mon opinion.