Les conséquences à long terme de l’abus à l’enfance

« On t’a tapé les fesses toute ton enfance, pourtant tu t’en es bien sorti! »

Prologue

Je suis dans la quarantaine. Pendant toute ma vie d’adolescent et d’adulte, je vivais avec une certitude : je ne voudrai jamais d’enfants. Quand on me demandait pourquoi, je répondais « je n’en veux juste pas ». En 2011, je suis tombé sur une vidéo (http://bit.ly/2xfFgKr) où deux personnes discutent des conséquences à long terme du châtiment corporel continuel. Ce que j’ai appris m’a jeté par terre. Non pas parce que j’étais étonné de ce que j’apprenais, mais parce que j’ai alors réalisé et compris l’origine d’une grande partie de mes problèmes, envies, désirs, comportements & mécanismes de défense. Et ça m’a fâché. Beaucoup. Je le suis encore d’ailleurs, je l’admets. Depuis, j’ai entrepris des démarches d’évolution personnelle et d’exploration de soi. Éventuellement j’ai compris pourquoi je ne voulais pas d’enfants, « je ne voulais pas reproduire les comportements abusifs de mes parents. »

J’ai hésité longtemps avant d’écrire ceci. Non pas parce que je considère l’information présentée comme importante, mais parce que je me demandais à quel point j’allais personnaliser le tout. Je révèle beaucoup de choses personnelles parce que je considère qu’elles peuvent servir d’exemples concrets à d’autres. Il est possible que quelqu’un lisant ceci se dise « Moi aussi j’ai ce genre de comportement » ou « moi aussi j’ai vécu ceci », puis ça pourrait l’aider à comprendre des choses vis-à-vis sa personnalité. Avec ce texte, je ne cherche pas à passer pour une victime. Au contraire, j’assume pleinement qui je suis, avec mes failles et mes faiblesses.

Pour ce billet, quand je parle d’abus, je parle autant de la menace de violence (abus psychologique) que de la correction physique, aussi connue sous l’expression « châtiment corporel » (généralement donnée à main ouverte sur une partie du corps, mais qui inclut aussi les coups donnés avec des ceintures, cuillères de bois ou autres objets du genre).

Je serai bien heureux si ce partage est utile pour quelqu’un. Crois-moi, « it gets better ».

Lien court: http://wp.me/s4MO4u-abus

Introduction

J’avais 13 ans, une fille était intéressée par moi à l’école. Et ayant peur de me faire écœurer par les bullies de ma classe, je lui ai donné un coup de pied sur le tibia. Elle est allée le dire à sa mère, qui est venue le dire à mon père. Mon père m’a dit « on ne frappe pas ça une femme », puis m’a donné une fessée tellement forte que je ne me suis pas assis pendant 3 heures. C’était trop douloureux. La leçon que j’ai retenue est « il n’y a que mon père qui peut utiliser la violence afin de faire passer son message. »

Quand un enfant frappe un enfant, on parle « d’agression ». Quand un enfant frappe un adulte, on parle « d’hostilité ». Quand quelqu’un frappe un animal, on parle de « cruauté envers les animaux ». Quand un adulte frappe un adulte, on parle « d’assaut ». Mais quand un parent frappe son enfant, ce n’est ni de « l’agression » ou de « l’hostilité », ni de la « cruauté » ou un « assaut », mais de la « discipline ».

On appelle ce genre de pensée « dissonance cognitive ».

La relation parentale

Mes parents utilisaient la correction physique à profusion (tapes sur les fesses avec les mains, des cuillères de bois ou des ceintures de cuir) et les menaces de correction physique (« attendez que votre père arrive! », « restes tranquille si tu ne veux pas que te faire taper les fesses », etc.) sur mon frère et sur moi afin de maintenir l’illusion de discipline. Quand ce n’était pas le stress de l’abus physique lui-même que nous subissions, c’était le stress de sa possibilité. Un jour, bien des années plus tard, alors que mes parents n’osaient plus mettre la main sur nous, mon père m’a dit « Tu sais, on a fait ce que nous pouvions avec les outils que nous avions. » J’accepte que l’information scientifique aujourd’hui disponible à ce sujet était moins rapidement accessible back in the days, même si ça fait au-delà de 50 ans que le sujet est étudié avec attention (http://bit.ly/2g838vo).

Mais ça, c’est la phrase facile à dire quand la cible de la violence est maintenant rendue capable de répliquer physiquement avec une force égale ou supérieure, ou quand on tente de moralement justifier l’utilisation de la violence sur des cibles sans défense. Cette phrase est issue d’un instinct d’auto-préservation, du désir de maintenir sa propre intégrité physique et pour se déresponsabiliser de l’abus commis. Mon père sait que s’il osait mettre sa main sur moi aujourd’hui (ce qu’il ne le ferait pas), je répliquerais avec force, et avec toute la colère accumulée depuis mon enfance. De plus, il sait aussi qu’un jour, ce sera lui qui sera plus faible que moi, que la position de pouvoir physique sera renversée, et que s’il ne veut pas subir le même sort (ce que je ne ferais pas), qu’il doit bien se tenir et « investir » dans le respect. Ce n’est pas de l’amour ça, c’est de l’hypocrisie alimentée par l’instinct de survie.

La loi

Selon le « Center for Effective Discipline », près de 50 pays ont rendu illégal le châtiment corporel à la maison et une centaine ne le permettent pas à l’école (http://bit.ly/2wIGdgx). Mais le Canada ne fait pas partie de cette liste. Grâce à l’article 43 du Code criminel du Canada, il est légalement permis à un parent, un gardien ou un instituteur de frapper l’enfant dont il a la charge légale (http://bit.ly/2wqP32U):

Protection des personnes exerçant l’autorité

Discipline des enfants 43 Tout instituteur, père ou mère, ou toute personne qui remplace le père ou la mère, est fondé à employer la force pour corriger un élève ou un enfant, selon le cas, confié à ses soins, pourvu que la force ne dépasse pas la mesure raisonnable dans les circonstances.

Suite à une étude sur la violence faite aux enfants et commandée par le Secrétaire général des Nations-Unies (http://uni.cf/2w7OOqZ), le Haut-commissaire des droits de l’Homme Kyung-wha Kang (http://bit.ly/2w1a2rT) a déclaré:

« La violence à l’encontre des enfants, incluant le châtiment corporel, est une violation des droits de l’enfant. Elle entre en conflit avec la dignité humaine de l’enfant et le droit de l’enfant à son intégrité physique. Elle empêche aussi les enfants d’atteindre leur plein potentiel, en mettant en jeu leur droit à la santé, la survie et le développement. Le meilleur intérêt de l’enfant n’est jamais une raison justifiant de telles pratiques. »

L’excuse souvent utilisée par les gens favorisant le châtiment corporel dans le but de corriger le comportement d’un enfant est « qu’il n’a pas compris ».

Depuis plusieurs décennies, des centaines d’études dans plusieurs pays ont systématiquement démontré que le châtiment corporel ne règle absolument rien. Au contraire, il empire les comportements que la correction physique cherche à casser. De plus, elle risque de créer chez le futur adulte un pattern; il risque d’utiliser la violence à son tour parce que c’est ce qu’il a connu. En soit, le parent qui violente son enfant facilite la continuité du cycle de violence.

Des données

Des données sur les conséquences de la violence à l’enfance, il y en a maintenant depuis plusieurs décennies elles sont faciles à trouver. Je vais vous épargner cette liste et plutôt mettre l’emphase sur les conséquences (que vous trouverez plus bas) d’un comportement parental contre lequel l’Académie Américaine de Pédiatrie s’oppose avec force, et ce, peu importe la raison (http://bit.ly/2wITupx). Les études démontrent que le châtiment corporel ne change strictement rien. Si le parent croit avoir acheté la paix, elle ne durera que moins de 10 minutes dans 73% des cas (http://bit.ly/2vjeXSo). C’est le temps moyen avant que l’enfant ne reprenne le comportement qui a agacé le parent. C’est aussi l’opinion d’Alan Kazdin, professeur en psychologie de l’enfant à l’Université Yale et directeur du « Yale Parenting Center ». Selon lui, « La correction physique fait cesser un comportement spécifique pour un petit moment, suite au choc et à l’étonnement mais quand nous faisons le suivi du comportement que le parent tente d’enrayer, nous observons que sa répétition au cours des jours suivants ne varie aucunement » (http://bit.ly/2viWnKc).

De plus, la recherche démontre que les « time outs », les explications et le fait de priver l’enfant d’un privilège spécifique afin de changer un comportement ne fonctionnent pas mieux que le châtiment corporel (http://bit.ly/2wr3Iej).

Avant de procéder avec la longue liste des conséquences, une petite note : En 2011, le professeur de psychologie à la Southern Methodist University, George Holden (http://bit.ly/2w7wFJJ), a présenté une étude (http://ti.me/2w87k2i, http://abcn.ws/2wBwHwm (entrevue vidéo)) démontrant que les parents frappent leurs enfants régulièrement, souvent avant même l’âge de 7 mois, et ce, pour des comportements comme avoir tourné la page d’un livre avant d’avoir terminé de la lire.

Sept mois…

Quel genre d’horrible personne frappe un bébé de 7 mois parce qu’il n’écoute pas…

La réponse biologique aux traumas

Pour comprendre les conséquences à long terme de l’abus à l’enfance, que celui-ci soit physique comme le châtiment corporel (et l’abus sexuel) ou psychologique, il faut d’abord savoir pourquoi ces conséquences sont possibles.

Le cortisol est cette hormone qu’on appelle « l’hormone du stress ». On la surnomme ainsi grâce à sa fonction particulière d’empêcher temporairement l’interférence d’un stress sur les mécanismes de défense de l’individu (flight-fight-freeze reflex) suite à un trauma pour ainsi favoriser l’intégrité physique de l’hôte. Par exemple, lors d’une explosion, vous aurez le réflexe de vous sauver le plus vite possible en premier, puis par la suite vous subirez le stress relié au trauma. Entre-temps, le cortisol aura fait son travail de maximiser vos mécanismes de survie.

Chez le jeune enfant, le cerveau grossit pour atteindre 95% de sa taille adulte maximale vers l’âge de 9 ans (http://bit.ly/2xvuq2v ( https://oup.silverchair-cdn.com/oup/backfile/Content_public/Journal/cercor/6/5/10.1093/cercor/6.5.726/2/6-5-726.pdf?Expires=1503678054&Signature=gAxfHOogdbAfvzVSf7WId~MgIsVnS76giUJK1J7OnI-spwjExASxr7SJWhMIEJGtSgvwdIKO6QUDtba9PorLD-SAkVeIw1kDk7HnQtVmiNuAzad7OfVpIJoYW94JDEVfLdDAsYXMnlp-JfbSXEhOooXzvjeRAOz39ochqey2eQ52Rlf2b4upP3tpLKHTVqFCZimqXswfgs18J~FyuwjitGO4YurPkOafs-SsNl7kkNLEXz8QqfYjIMXDtOZgXhlKeCM8SiXop14JyUJxEnK1J0hWdEmSFF1nFGzLydDiqUTbRJHuyVBkbYIcj0538jeztrP8w6UjMX0gJhYeRhSKvQ__&Key-Pair-Id=APKAIUCZBIA4LVPAVW3Q )). Il continuera à se développer quand même, mais il ne grossira pas beaucoup plus. Lorsqu’un stress survient, le corps sécrète du cortisol. Afin de maximiser les mécanismes de défense, cette hormone vient isoler deux parties du cerveau : le cortex préfrontal (http://bit.ly/2vTLeCh) et l’amygdale (http://bit.ly/2wsfMMH). Le cortex préfrontal est le centre de la moralité et l’amygdale est le centre de contrôle des émotions. Le cortisol, afin d’aider à préserver la survie, vient encapsuler ces deux parties du cerveau afin de les isoler du reste. En retirant temporairement les contraintes émotives et morales d’une situation dangereuse, les mécanismes de survie contribuent à la préservation de la vie. C’était pratique quand l’Homme chassait le mammouth et que soudainement un tigre à dents de sabres lui sautait dessus. Ce n’était pas le moment de se questionner sur la justification morale de tuer cet animal, ni de se mettre en boule et pleurer sur son sort. Non, la survie était en jeu, et donc le cortisol entre en action. Il n’y a plus de ce genre de prédateurs dans notre société moderne, mais ce n’est ni la violence ni les traumas qui manque. Ni le cortisol…

La conséquence des traumas réguliers à l’enfance est la sécrétion en continue de cortisol. Lorsque sécrété ici et là, le cortisol ne cause pas de dommages permanents. Par contre, lorsque sécrété sur une base régulière, il impacte négativement sur le développement du cortex préfrontal et de l’amygdale cérébrale. Elles ne vont pas évoluer comme elles le feraient dans un environnement d’amour, d’empathie, d’affection et dépourvu de violence. Et donc l’enfant grandira pour devenir un adulte avec un sens de la moralité moins bien développé et une plus grande difficulté à contrôler ses émotions. Il sera plus susceptible d’avoir des comportements jugés immoraux, criminels et autodestructeurs. Les conséquences mentales et physiques à long terme d’une telle carence sont pratiquement toutes irréversibles et sont fortement dommageables sur la vie de l’adulte.

« Je vais te dire pourquoi je te frappe »

« Oui, je t’ai tapé sur les fesses, mais là je viens t’expliquer pourquoi. » Cette phrase, qui est ni plus ni moins du « victim shaming » (blâmer la victime pour ce qu’elle subit) et que mon père m’a trop souvent dit étant jeune, sert à justifier les raisons de la violence et tenter de faire comprendre à l’enfant que c’est lui qui est responsable de la douleur qu’il ressent et de l’abus qu’il vit. L’explication se termine souvent par un « je t’aime » manipulateur et l’enfant répondra aussi « je t’aime » mais sans sincérité car il sait qu’il risque encore plus de violence s’il ne satisfait pas aux désirs de son agresseur. Que ce soit avec les mains, la ceinture ou la cuillère de bois, ces parents ne font que montrer aux enfants que seule la violence règle les conflits, et ils accompagnent cette violence d’une explication sommaire, irréfléchie et ridicule…

« On m’a tapé sur les fesses toute mon enfance et pourtant je m’en suis bien sorti! » Cette phrase, répétée ad nauseam par plusieurs victimes d’abus à l’enfance est en fait un aveu de capitulation et un refus d’accepter qu’elles possèdent le pouvoir d’améliorer leur sort. Nous la prononçons quand nous refusons consciemment d’explorer les conséquences de l’abus que nous avons subi à l’enfance. Cette phrase est si commune qu’on la croirait vraie, si ce n’était du fait que c’est un sophisme de conclusion hâtive. En fait, avec la technologie actuelle, il est impossible de le savoir. Bien au contraire, selon toutes les études faites sur le sujet, tout porte à croire qu’elle est absolument fausse. Pour la vérifier, il faudrait une machine à voyager dans le temps et faire une étude longitudinale contrôlée en recommençant sa vie à plusieurs reprises et selon des paramètres très précis.

« Good luck with that, buddy… »

En 2002, l’APA (American Psychological Association) publie un article sur le sujet de la correction physique comme moyen de discipline (http://bit.ly/2g9cKpG). Voici ce qu’elle avait à dire :

While conducting the meta-analysis, which included 62 years of collected data, Elisabeth Gershoff looked for associations between parental use of corporal punishment and 11 child behaviors and experiences. /…/ Gershoff found « strong associations » between corporal punishment and all eleven child behaviors and experiences. Ten of the associations were negative such as with increased child aggression and antisocial behavior. The single desirable association was between corporal punishment and increased immediate compliance on the part of the child.

Conséquences générales

Voici une partie des principales conséquences physiques, cognitives, psychologiques, comportementales et sociales de l’abus à l’enfance et de la négligence jusqu’à la vie adulte (http://bit.ly/2g1p4s5 & http://bit.ly/2w1qnNd). Les enfants qui ont été abusés à l’enfance sont plus à risques de :

  • perpétuer le cycle de violence, d’abus ou de négligence sur leurs propres enfants;
  • perpétuer le cycle de victimisation rendue à la vie adulte (par exemple, 72% des femmes abusées à l’enfance vont plus souvent se retrouver victimes de d’autres formes d’abus une fois adultes);
  • de commettre de la violence sexuelle, du kidnapping et de la traque furtive (stalking);
  • développer une dépendance (alcool, drogues, sexe, travail, etc.) ou de s’engager dans des comportements à hauts risques (promiscuité non-protégée, drogues par injection, etc.);
  • développer des problèmes de santé comme diabète, problèmes gastro-intestinaux, arthrite, mots de têtes chroniques, troubles gynécologiques, crises cardiaques, maladies du cœur, hépatite, troubles neurologiques, troubles musculaires et squelettiques, troubles respiratoires et cardiovasculaires, haute pression, troubles du foie, etc.;
  • développer des troubles de santé mentale comme troubles de la personnalité, stress post-traumatiques, troubles dissociatif de l’identité, dépressions, crises d’anxiété et psychoses;
  • souffrir de troubles psychiatriques et mentaux comme TDAH, bipolarité, attaques de paniques, abus de drogues, dépendance à la nicotine, troubles d’anxiété généralisée et dépressions majeures tôt à l’âge adulte. Les études démontrent que plus l’abus est présent, plus les risques de souffrir de troubles psychiatriques et mentaux sont élevés;
  • souffrir d’obésité, de boulimie ou d’anorexie (2 à 5 fois plus de chances);
  • devenir des criminels, d’être agressif et d’utiliser la violence;
  • s’engager dans des comportements sexuels risqués, à avoir des grossesses non-désirées, à attraper des ITSS, à avoir un plus grand nombre de partenaires, à s’engager dans du sexe en groupe et à se prostituer.

De plus, les enfants ayant vécus de l’abus à l’enfance:

  • ou qui ont été témoins de violence conjugale sont plus à risque de développer des troubles de santé mentale et physique et consulteront plus fréquemment les services de santé que ceux qui n’ont pas vécu d’abus;
  • ont 2 fois et demi plus de chances de vivre des dépressions majeures et ont 6 fois plus de chances d’avoir des stress post-traumatiques que ceux n’ayant pas subis d’abus. Ces chances augmentent significativement si l’enfant a aussi vécu le divorce de ses parents;
  • ou qui ont subis seulement 4 épisodes distincts d’abus avant l’adolescence ont 12 fois plus de chances de tenter de se suicider ou d’avoir des comportements & idées suicidaires. Ils ont aussi 7 fois de chances d’être alcooliques, 5 fois plus d’être accrocs aux drogues et 10 fois plus de s’injecter de la drogue dans les veines directement. Il est possible que cet abus de drogues soit un mécanisme pour tenter de s’auto-médicamenter afin de limiter l’impact des traumas, de l’anxiété ou des dépressions causés par les conséquences de l’abus à l’enfance. Imaginez s’ils en subissent plus que 4 pendant leur enfance…;
  • ou qui furent exposés à seulement 4 épisodes distincts d’abus avant l’adolescence ont 3 à 5 fois plus de chances d’avoir une ITSS;
  • ont plus de chances d’avoir un quotient intellectuel moins élevé que ceux n’ayant pas vécu d’abus à l’enfance. De plus ils auront tendance à ne pas terminer leurs études, ou du moins à cesser d’aller à l’école plus tôt que ceux n’ayant pas vécu d’abus à l’enfance. Ceci est un facteur important dans l’itinérance à l’âge adulte
  • ont 26 fois (oui, vingt-six) fois plus de chances de devenir itinérant à l’âge adulte. Le docteur Gabor Maté, (spécialisé en neurologie, psychologie et psychiatrie) gère une clinique dans le sud de Vancouver depuis près de 35 ans et il affirme que tous les itinérants qui passent par sa clinique ont subi de l’abus à l’enfance. Pour en savoir plus, il a écrit une série de livres, dont « In the realm of Hungry Ghosts»;
  • ont plus de difficulté avec la gratification prolongée. Par exemple, si on leur offre le choix d’avoir 3 bonbons maintenant mais d’en avoir 5 s’ils attendent 10 minutes, ils auront plus de chances de prendre les 3 bonbons maintenant. Cette problématique se transporte dans toutes les sphères de la vie adulte : ils ne mettent pas d’argent de côté car ils privilégient le besoin du moment, ils achètent impulsivement, ont peu ou pas d’investissement pour la retraite, etc., avec toutes les conséquences que ça implique.

Conséquemment, suite aux problèmes de santé mentale et physique causés par la violence à l’enfance, les enfants ayant vécus de l’abus régulier sous une forme ou une autre peuvent (selon les différentes études) vivre en moyenne 21 ans de moins que l’espérance de vie nationale.

Conséquences personnelles

J’ai vécu et vis encore plusieurs des conséquences générales listées plus haut, mais je veux vous détailler celles qui sont propres à moi et que j’ai réalisé à-travers les années.

  • J’ai fait pipi au lit jusqu’à mes 12 ans. Ça s’est terminé quand mon père, vraiment écœuré de laver mes draps à chaque soir, m’a crié après vraiment fort et a été extrêmement menaçant. Ma logique : je faisais pipi au lit parce que si je ne suis pas propre, il ne me frappera pas. Faire pipi au lit était pour moi un mécanisme de défense, d’auto-préservation. La peur de subir encore plus de violence a fonctionné, j’ai immédiatement cessé de faire pipi au lit, preuve que mon problème était psychosomatique, et non un manque de contrôle sur ma vessie.
  • Pour compenser, j’ai commencé à faire caca dans mes sous-vêtements. De temps en temps, je n’allais pas aux toilettes, et je me laissais aller dans mes sous-vêtements. Mon père me demandait souvent si je m’étais mal essuyé parce que ça sentait vraiment mauvais. Pour moi, c’était une autre façon d’éviter qu’il me tape sur les fesses pour me punir de quoi que ce soit qui ne faisait pas son affaire cette journée-là. À mes yeux, c’était de loin préférable de chier dans mes pantalons et d’aller prendre une douche en fin de journée que de subir de la violence. Ma logique : il n’allait certainement pas me taper les fesses si elles étaient couvertes d’excréments.
  • L’abus subi à la maison a grandement affecté ma confiance en moi. À l’école, je dégageais une très faible estime de moi, ce qui a ouvert la porte aux prédateurs et aux « bullies ». Pendant l’absolue totalité de mes études secondaires, à chaque jour et plusieurs fois par jour, je me faisais battre, frapper, cracher dessus, voler mes choses, traiter de tous les noms, insulter, et ce, par un bon nombre d’étudiants. Y’a même un d’eux qui pratiquait son karaté sur moi. Je ne me souviens pas des noms de beaucoup d’étudiants de mon secondaire, mais je me rappelle encore de ceux de mes agresseurs. Dany (le karaté-dude), Christian, Maxime, Sébastien, Giovanni, Steve, etc. La liste est plus longue. Un jour, en secondaire 4, je faisais un exposé oral en anglais et Richard m’a insulté haut et fort. J’ai eu le culot de lui répondre devant tout le monde (et le professeur m’a dit d’arrêter ça et de mettre le focus sur mon exposé au lieu de réprimander l’étudiant fautif). Après le cours, Richard m’a cogné d’une solide droite dans l’escalier parce que « je l’ai fait mal paraître ». Ça, c’était ma réalité quotidienne et mes parents ne faisaient rien.
  • Cet abus constant pendant mon enfance a sapé ma vision positive de l’avenir. Suite à cette relation de traumas quotidiens avec mes parents, j’ai développé une haine viscérale de l’autorité (qu’elle soit parentale, sociétale ou gouvernementale). Je suis profondément anti-état, je déteste la police et je ne crois pas du tout au système de justice. De plus, quand quelqu’un prend une décision qui impacte négativement ma liberté (par exemple les militants de l’AFESH avec leurs criss de levées de cours et leurs grèves (excusez mon langage mais je les déteste vraiment…)), je réagis très fort, souvent de façon totalement disproportionnée. Cette vision négative de l’avenir est aussi ce qui explique pourquoi je ne termine pas souvent ce que je commence. Éventuellement, je ne crois tout simplement plus que ça vaille la peine car je suis convaincu que je ne vivrai pas vieux, alors à quoi ça sert? Je tente de me convaincre que je suis un pragmatiste, mais au fond, je suis un pessimiste qui porte le masque d’un pragmatiste.
  • Cette relation avec mes parents fait en sorte que ma vision de la famille est différente de celle généralement véhiculée en société. Pour moi, la famille, c’est « overrated ». Tu subis ta famille, tu ne la choisi pas. Tu espères simplement avoir une bonne famille. Chaque fois qu’on se parle au téléphone (4-5 fois par année) ou qu’on se voit (1-2 fois par année), ma mère me dit qu’on ne se parle ou vois pas souvent. Et chaque fois je dis « effectivement. » Mais cette relation actuelle est une conséquence directe de l’abus vécu à l’enfance. Je n’ai aucun intérêt à maintenir une relation avec des individus qui sont directement responsables de la majorité de la violence que j’ai subis à l’enfance, et qui sont directement responsables d’une grande quantité des conséquences générales physiques et mentales (et de la totalité des conséquences personnelles) que j’ai listé plus haut. Ça fait que je n’ai absolument aucune intention de m’occuper d’eux quand ils seront vieux. Finalement, ils sont en partie responsables de mon désir de quitter ce pays et d’aller très loin, car mon père ne prendrait jamais l’avion aussi longtemps (14 heures) pour venir me voir et ma mère ne peut pas prendre le bateau, ça lui donne trop mal au cœur. C’est ainsi que je peux couper quasi-définitivement les ponts avec mes parents avant leur mort (ou la mienne).
  • Je ne veux pas d’enfants (j’ai d’ailleurs été passer un test de fertilité et ça adonne que je suis pratiquement stérile…). Pour 2 raisons principales. La première est ma vision fataliste du monde. À quoi ça sert d’avoir des enfants quand tu penses que « le monde, c’est d’la marde » et qu’il y a de la violence partout. Mais la deuxième m’a pris beaucoup plus de temps à la réaliser. Pendant longtemps je ne connaissais pas d’autres façons d’éduquer des enfants, et puisque je ne voulais pas reproduire malgré moi ces mêmes comportements sur mes propres enfants, j’ai jugé préférable de ne jamais en avoir. En gros, je ne voulais pas risquer de reproduire le cycle de violence. Et puisque j’ai l’habitude de ne pas terminer les choses que je commence parce que j’ai besoin d’avoir cette liberté de faire ce que je veux, avoir des enfants devient un obstacle immuable.
  • J’étais très généreux quand j’étais adolescent & jeune adulte. Je donnais beaucoup de mon temps et énergie aux gens autour de moi parce que c’était un moyen pour moi de vivre du positif, de me sentir aimé, d’être reconnu. Conséquemment, beaucoup de gens ont abusé de ma générosité. Je me rappelle comme si c’était hier de la première fois que j’ai dit « non » à quelqu’un qui me demandait quelque chose et que je ne voulais pas. J’avais 21 ans, j’étais au téléphone, j’ai dit « non » puis j’ai raccroché. Je me suis senti tellement bien, tellement libéré. Je venais de découvrir le pouvoir du « non ». Plutôt, les bienfaits de se respecter soi-même.
  • Mon incapacité à me défendre en tant qu’adolescent, accompagnée par l’absence d’intérêt de mes parents de nous aider à nous défendre, m’ont mené, une fois adulte, vers l’étude du droit (par moi-même, et non sous la supervision d’une université puisqu’elle représentait « l’autorité »). Principalement, l’étude des mécanismes existants pour qu’on n’abuse plus de moi. Que ce soit de connaître mes droits et libertés ou les limites des pouvoirs policiers, en passant par les lois du code du travail ou de la régie du logement, j’ai tout étudié. Si au secondaire je me faisais manger la laine sur le dos, à l’école de la vie, je suis devenu le loup.
  • Jusqu’à il y a moins d’un an, ça me prenait toujours près d’une heure avant de m’endormir. C’était ainsi dans ma jeunesse et je suis convaincu que c’était un mécanisme de survie. Si je dors, je ne peux pas me défendre, ou du moins je ne peux pas voir quand un abus peut survenir. Et puisque mes parents utilisaient la violence de façon régulière, rien ne leur empêcherait de venir nous chicaner pendant notre sommeil, alors j’étais toujours sur mes gardes. Le stress me gardait éveillé. Une nuit, mon père a décidé de rentrer dans notre chambre (mon frère et moi avions un lit superposé) et il a marché sur un bloc Lego. Il était tellement en colère, il a ouvert la lumière, nous a crié après (nous réveillant subitement et créant un stress intense) et nous avons dû ranger tous nos jouets et faire tout le ménage de la chambre avant de nous recoucher. Pendant ce temps, il restait dans le cadre de porte et nous, nous étions stressés. Oh cortisol, quand tu nous tiens…C’est donc normal que nous étions toujours aux aguets, on ne savait jamais quand la prochaine session de violence allait arriver. (Maintenant je dors mieux, j’ai une machine pour l’apnée du sommeil. J’ai découvert que je souffrais de ça depuis au-delà de 20 ans… (Y’a t’il un lien? Who knows!)).
  • Ça fait plus de 9 ans que je ne parle plus à mon frère. Je suis certain que son comportement a été une conséquence directe de la violence parentale. Il est devenu un adulte désagréable et j’ai décidé de couper les ponts avec lui. Étant donné qu’il représente un lien familial, il entre dans la catégorie de ceux dont je veux rester loin.
  • Il y a au moins un point positif que je peux mentionner, et c’est que j’ai développé une grande résilience aux stress intenses. J’ai été victime de vol à main armée 7 fois dans ma vie; 4 fois l’assaillant était armé d’un couteau, 1 fois d’une machette, 1 fois d’un fusil à plomb et 1 fois, les 3 assaillants avaient des 12 à pompe tronçonnés et j’ai eu leur arme sur la tempe et dans les côtes pendant près de 20 minutes alors qu’un d’eux battait mon patron à coups de crosse. J’ai aussi travaillé comme premier répondant médical pour des activités populaires (j’ai vu plein d’urgences médicales). J’ai déjà eu à m’occuper d’une dame (réanimation, déblocage des voies respiratoires, contrôle de l’hémorragie) qui avait été frappée par une voiture et qui était complètement couverte de sang. J’ai aussi été pris dans un carambolage en pleine tempête de neige et j’ai aidé une famille à sortir de leur camionnette renversée alors que les conducteurs des autres voitures arrivant à toute vitesse près de nous faisaient ce qu’ils pouvaient pour nous éviter. Même qu’à un moment, j’ai tenté de diminuer le trafic en courant à contre-sens sur la 20 afin d’éviter que toutes les voitures se rentrent dedans. Voir un camion de 53 pieds arriver en éventail dans ta face en sachant qu’il ne pourra jamais freiner à temps, ça t’aide à mettre ta vie en perspective. Pourtant, pendant tous ces évènements, je n’ai jamais paniqué et j’ai toujours pris le contrôle de la situation. Et après chacun d’eux, la nuit suivante, je dormais très bien. J’ai appris à compartimentaliser ces évènements, à les rationaliser en me disant que ça ne m’arrivera pas à chaque jour.

Ce qu’il faut comprendre est que pendant une bonne partie de mon enfance et de mon adolescence, il n’y avait presque pas d’endroit où je pouvais aller où je pouvais être en sécurité émotive et physique. Je vivais de la violence à la maison et à l’école. [La violence à la maison n’arrivait pas à tous les jours, mais nous savions qu’elle pouvait survenir à tout moment.] C’est pour ça que j’ai fait des activités parascolaires avec des gens que je ne voyais pas à l’école. J’ai fait de l’improvisation pendant quelques années, j’ai joint les cadets de l’air, et je me suis lié d’amitié avec un homme de l’âge de mon père (daddy issues?) qui travaillait dans un hôpital pour enfants handicapés car il semblait bien s’occuper d’eux alors c’était rassurant. C’était un agresseur sexuel mais il ne s’est jamais essayé sur moi. Pendant plus de deux ans il a agressé un autre adolescent que je connaissais. Bref, je cherchais des échappatoires. C’est ce qui m’amène à ma vie sexuelle.

Selon les standards traditionnels, j’ai eu vraiment beaucoup de partenaires sexuels. Sans faire de lien de cause à effet, il est probable que mon manque de confiance en moi fût le mécanisme qui motivait mon besoin de vivre des rencontres sexuelles avec plein de partenaires (la promiscuité mentionnée précédemment). Je me disais qu’ainsi, j’ai de la valeur, je suis reconnu, je peux réussir, j’existe, et surtout, JE suis en contrôle. J’ai eu quelques blondes et je les aie toutes trompées. J’ai été marié, je l’ai trompée plein de fois aussi. Jeune adulte, j’ai été 5 ans avec une fille absolument formidable, mais je l’ai trompée avec 18 filles différentes. Ce n’est pas que je ne l’aimais pas, au contraire, c’était l’amour fou, mais j’avais un besoin [inconscient] plus fort de me prouver continuellement que « j’étais capable » afin de pallier à mon manque d’estime de soi. Certains dans mon cercle d’amis me voient comme une espèce de « rock star » du sexe, mais moi je me suis longtemps vu comme une créature blessée qui ne cherche qu’à survivre et cesser de souffrir. Aujourd’hui, j’ai une relation ouverte avec ma copine car j’accepte ce passé et je reconnais que ces besoins font encore surface de temps en temps. Oui j’ai grandement évolué, mais je n’ai pas grand chemin à faire pour me rappeler de comment je me sentais il n’y a pas si longtemps.

J’ai été marié aussi. J’ai été presque 7 ans avec elle jusqu’à ce que je demande le divorce. Quand je l’ai rencontrée, j’étais dans un moment sombre de ma vie. Une ex-blonde m’avait laissé pour mon meilleur ami de l’époque et ça m’a envoyé dans une courte mais sérieuse dépression. Puis j’ai rencontré cette femme qui me donnait de l’attention, qui me faisait sentir bien, etc. Elle aussi était une personne avec une faible estime d’elle, issue d’une famille adventiste avec une mère très matrone et un père à la confiance personnelle absente. Il se considérait handicapé suite à ses acouphènes (une excuse de merde à mon avis…). Avoir eu une bonne estime de moi, je ne serais pas tombé dans le piège d’être amoureux des sensations que je ressentais (car je n’ai jamais été amoureux d’elle) et de l’attention qu’elle m’accordait, je ne me serais pas marié, et je n’aurais pas perdu 7 ans de ma vie avec quelqu’un qui ne me convenait absolument pas. Bien des années plus tard, en parlant de la cérémonie de mariage avec mes parents, ma mère m’a avoué avoir dit qu’elle nous donnait 3 mois avant de divorcer, puis mon père se demandait ce qu’il faisait là. Mes amis proches nous donnaient entre 2 et 5 ans avant le divorce. Ma faible estime de moi a fait que le mariage a duré 6 ans au total.

Ça m’a pris beaucoup de temps avant d’apprendre à me respecter. (Par exemple) Il y a quelques mois, ma mère voit que j’ai posté un statut sur Facebook concernant l’achat de billets d’avion pour un voyage que je veux faire depuis près de 15 ans. Elle m’appelle et la conversation se déroule comme suit : « Allo », « Salut, t’appelles pas souvent. », « Effectivement. », « Pis là j’apprends plein d’affaires sur Facebook. », « Ok, à part pour tenter de me manipuler et essayer de me faire sentir coupable pour quelque chose, pourquoi t’appelles? » « Ben là, je suis ta mère, j’ai le droit de prendre de tes nouvelles », « Non, ça c’est un privilège, pas un droit, mais bon, t’appelles sûrement pas pour qu’on s’obstine sur de la sémantique hein? ». Elle soupire au téléphone, mon attitude la dérange. Mais au fond, ce qui la dérange réellement est que sa manipulation ne fonctionne plus et elle ne peut plus obtenir ce qu’elle veut en essayant de me faire sentir coupable pour quoi que ce soit. Je reconnais la manipulation et je l’attaque directement. Je n’accepte tout simplement plus ça, peu importe de qui ça provient. Mais je ne peux pas demander à ma mère de 66 ans de changer. That time is over.

Mes parents se positionnent comme des phares de moralité dans leur communauté chrétienne et me disent parfois qu’il est important de pardonner. Quand le sujet se présente, je me demande toujours s’ils essaient subtilement de me demander de les pardonner pour les abus qu’ils ont commis, ou s’ils pensent qu’ils n’ont simplement rien fait de mal. Depuis que j’ai appris que les gens qui s’identifient comme chrétiens ou catholiques sont ceux qui frappent le plus souvent leurs enfants, j’ai compris que c’est leur voile religieux qui obstrue la qualité de leur moralité. À mon avis, si un psychiatre évaluait le catholicisme et/ou la chrétienté, il arriverait à la conclusion que cette religion est bipolaire. Des lèvres, ont dit d’aimer son prochain & de traiter les autres comme on aimerait être traité, puis avec les mains, ont utilise la violence afin de « guider vers la lumière ». Un peu comme ce pasteur chrétien qui raconte avoir donné un solide coup de poing à un enfant pour lui « montrer le chemin vers le seigneur » (http://bit.ly/2w7pUaS). La bible est une fontaine de violence et de contradictions. Peut-être qu’au fond, je devrais remercier mes parents de m’avoir montré les mensonges de la religion. C’est possiblement un des avantages…

Avant de conclure, j’ajouterais que dans mon cas, il n’a pas de démonstration absolue de lien de cause à effet entre l’abus subit et toutes les conséquences générales & personnelles citées plus haut. Par contre, ces conséquences (générales) sont documentées depuis plusieurs décennies, et je me retrouve dans trop parmi elles. Pour ce qui est des conséquences personnelles, le même argument peut être fait. Je ne fais que vous raconter ce que je crois être la vérité pour moi.

Accepter et aller de l’avant

Il sera plus facile pour certaines personnes de changer un comportement ou une façon de voir la vie après l’avoir accepté. D’autres ne réussiront pas et certains ne veulent tout simplement pas. Et c’est correct. Ce qu’il faut comprendre est que les expériences vécues à l’enfance sont le point de création de nos connexions synaptiques. Ces connexions, à force de répéter une expérience ou un comportement, optimisent nos réactions, réflexes et schèmes de pensées. Plus l’expérience est répétée, plus la connexion est optimisée. Pour changer une idéologie ou un comportement, il faut parfois énormément de travail qui peut s’échelonner sur des semaines, des mois ou des années. Même si j’ai accepté que j’ai développé certains mécanismes de défense (et comportements, réflexes, attitudes, façons de penser, etc.), je n’ai pas terminé de tous les transformer et il est possible que je ne réussirai jamais pour certains. Ça je l’ai compris quand j’ai visionné cette vidéo (http://bit.ly/2xiuUcP) d’un ingénieur qui a tenté d’apprendre à conduire un vélo dont le guidon, lorsque tourné à droite, envoyait la roue à gauche, et vice-versa. Ça lui a pris des mois à reconfigurer ses connexions synaptiques pour cette activité très précise. Mais une fois qu’il eut réussi, il n’était plus capable de conduire un vélo non-modifié. Son cerveau avait changé.

Quand le cerveau de l’enfant est en construction, ses connexions synaptiques vont se former en conséquence de son environnement. S’il vit dans un environnement d’amour, elles prendront telle ou telle forme et s’il vit dans un environnement de violence, elles en prendront une autre. Plus l’environnement se répète, plus les connexions deviendront solides et seront difficiles à défaire rendu à l’âge adulte.

Ce que je tente de dire est que parfois, changer est plus fort que nous, même si on y met beaucoup d’effort. Par contre, nous avons le potentiel d’en changer beaucoup aussi. Notre neurologie a un impact spectaculaire sur nos comportements, et il faut se donner le temps nécessaire, et être patient quand nous voulons changer.

Un dernier point important à mes yeux

Un bébé qui pleure est un humain qui n’a pas encore appris comment bien exprimer, avec des mots clairs et précis, le besoin qu’il ressent dans le moment présent. Quand il pleure lorsque tu le couche, tu te dis probablement « bah, il va s’endormir éventuellement ». Oui, tu as raison, mais tu ne sais juste pas pourquoi il va s’endormir. Alors que tu penses qu’il pleure parce qu’il est fatigué et qu’il va s’endormir, lui, pendant ce temps-là, vit un trauma important. Pour un bébé qui n’a pas le concept du temps et qui ne sait pas que tout va bien aller éventuellement, c’est immédiatement qu’il a besoin de se sentir en sécurité, et pour lui, ce besoin n’aura jamais de finalité. Alors puisqu’il vit un trauma important, son corps sécrète du cortisol. Le cortisol vient le déconnecter graduellement de ses émotions (son amygdale cérébrale) et il finit par s’endormir parce que le cortisol a fait la job de le dissocier de la réalité. En gros, il est drogué par un afflux d’hormones et il « oublie » pourquoi il pleure, donc il s’endort. Quand tu le laisse pleurer tout le temps, il génère constamment du cortisol et graduellement, tu investis dans un enfant qui risque d’avoir une grande quantité de problèmes dans le futur.

Conclusion

Aujourd’hui, je suis franchement plus solide. J’ai fait un énorme voyage à l’intérieur de moi-même. J’ai une forte estime de moi, je connais mon potentiel, mais j’accepte aussi mes limites. Il y a du travail à faire encore, je le sais, mais j’ai fait beaucoup de travail déjà & de ménage dans ma vie. Je suis incroyablement imparfait, mais je navigue dans mes imperfections avec aisance & compréhension. Je suis aussi très confortable avec mes choix de vie et la distance que j’ai décidé de prendre de ma famille. Je ne déteste pas mes parents. Au contraire je les apprécie et je sais qu’ils sont là pour moi quand j’en ai besoin. Eux aussi sont imparfaits et malgré notre historique, nous trouvons le moyen de passer du bon temps ensemble quand nous nous voyons.

S’il y a une chose à retenir de tout ceci, c’est que la correction physique (et sa menace) ne règle rien. Quand tu frappes ton enfant régulièrement afin de « faire son éducation », ou que tu menaces de le faire, en réalité, tu le condamne à mourir à petit feu…

94% des parents américains d’enfants en bas âge ont affirmé avoir frappé leur enfant au moins une fois dans la dernière année…

L’auteur et historien Lloyd Demause a publié un livre intitulé « The Origins of war in child abuse » dans lequel on peut lire que tous les dictateurs et tyrans modernes ont subi de la violence à l’enfance, ce qui pourrait être un lien direct avec leurs attitudes meurtrières à l’âge adulte. Le livre est disponible en audio gratuitement sur Youtube (http://bit.ly/2v9EfGD) et est lu par Stefan Molyneux.

JFK

Considérant qu’il existe maintenant plusieurs centaines d’études qui démontrent que la correction physique est nuisible et ne produit aucun résultat positif, et qu’au contraire elle est responsable d’une grande quantité de problèmes, il est temps de mettre fin à ce cycle de violence et d’essayer la parentalité positive (peaceful parenting en anglais (http://bit.ly/2xvMRE0)).

  • Pas de chats icitte

P.S. : Maman, papa, je sais que vous étiez malgré tout bien intentionnés. Ça, je l’accepte. Il y a quand même eu beaucoup de choses positives dans ma vie grâce à vous. Mais respectez mon désir de distance relationnelle. Se voir une fois de temps en temps, c’est suffisant pour moi. Après tout, chaque adulte se doit d’accepter la responsabilité de ses actions, ainsi que leurs conséquences.

Et oui, je vous pardonne.

Sources

http://bit.ly/2w1qnNd, http://bit.ly/2vje8ZJ, http://bit.ly/2wqg2vy, http://bit.ly/2wB5fiq, http://bit.ly/2xfJgux, http://bit.ly/2wrgWri, http://bit.ly/2vjeXSo, http://bit.ly/2wIJBbm, http://dailym.ai/2wBgzuP, http://bit.ly/2wISfqr, http://ti.me/2va6ftH, http://bit.ly/2vj1qu0, http://bit.ly/2vsnXUi, http://wb.md/2wrdRI9, http://uni.cf/2xfCncw, http://bit.ly/2v9U5kj, http://cnn.it/2is6avg, https://www.sciencedaily.com/releases/2011/07/110726111109.htm, http://bit.ly/2w1sIYv, http://bit.ly/2vj2sGq, http://bit.ly/2g838vo, http://bit.ly/2g9cKpG, http://bit.ly/2xfzd8R, http://bit.ly/2isskxx, http://bit.ly/2xfDpVY, http://bit.ly/2vjwcD9, http://bit.ly/2xvsCpV, http://bit.ly/2xvMRE0, http://bit.ly/2w7ZWUz, http://bit.ly/2xfqPpV & http://bit.ly/2v9EfGD.

Source: Pas de chats icitte

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